Une grande ville brade son identité architecturale et ses habitants désargentés, en guise de « développement » et, bien sûr, au grand profit de quelques-uns.
Situation archétypale familière, n’est-ce pas ? Phnom Penh, par exemple… sauf qu’un des mérites de ce film, c’est bien de ne pas prendre une réalité pour un exemple, de ne pas illustrer. Ici, il s’agit précisément du White Building, immeuble de conception soviétique promis à la destruction, et de ses habitants dont les visages et les récits habitent littéralement, tiens donc, le film. Pendant que les appartements se vident, la longue et riche histoire collective de l’immeuble nous est racontée bribe par bribe par ses habitants, dont certains se souviennent de l’évacuation de la ville sous les Khmers Rouges – troublantes réminiscences... En consignant jusqu’au bout le démantèlement de ce lieu de vie où il a lui-même y a grandi, Kavich Neang construit sa mémoire sur le point de se perdre.